La bosse des maths : dès la naissance ?

Publié le par Big Brother

Si nous avons découvert, précédemment, que nos bébés ne gazouillent pas pour ne rien dire, nous serons étonnés de voir qu’ils savent aussi compter ! À la naissance, en effet, tous les bébés sont déjà capables de repérer des quantités, nous précise la docteure en neurosciences cognitives Nawal Abboub.

La bosse des maths est donc un mythe… ou plutôt, nous l’avons tous, dès le départ ?

Nawal Abboub : Oui, il semblerait que ça soit bien le cas ! De nombreuses recherches scientifiques montrent aujourd’hui que nous possédons tous cette « capacité ». Du moins, tous les nouveau-nés possèdent de réelles compétences mathématiques.

En 2009, dans un hôpital parisien, Véronique Izard a mené l’expérience suivante auprès de nouveau-nés. Pendant plusieurs minutes, des bébés étaient familiarisés avec quatre sons. Puis, on leur a montré une image représentant quatre ou douze objets.

L’objectif est de savoir si les bébés sont capables de faire le lien entre la quantité entendue et celle qu’ils ont vue ?

N. A. : Exactement. Après avoir entendu les quatre sons, les nouveau-nés se sont plus intéressés, en moyenne, à l’image des quatre objets plutôt que des douze. Ils ont donc bien fait la correspondance entre le nombre entendu et le nombre à l’écran. Cela veut dire qu’ils possèdent déjà une représentation abstraite du nombre. C’est assez impressionnant à voir, surtout chez des bébés de quelques heures !

De plus, les recherches d’Étienne Koechlin, Stanislas Dehaene et Jacques Mehler en 1998 ont montré que les bébés de quelques mois sont déjà capables d’appliquer des règles mathématiques.

En quoi consiste cette expérience ?

N. A. : À l’aide d’un dispositif astucieux et un peu théâtral, les chercheurs ont construit un cache permettant de faire apparaître ou disparaître des objets. Les bébés voient disparaître un objet derrière le cache, puis un second.

Lorsque le cache est retiré pour dévoiler ce qu’il y a derrière, les bébés prêtent moins attention s’ils voient les deux objets attendus que si un ou trois objets sont présents.

Ceci nous montre que des bébés de quelques mois comprennent que un et un font deux, et pas trois ou un…

Mais repérer une quantité et compter, ce n’est quand même pas la même chose.

N. A. : La notion de quantité est très liée à la notion de nombre.

Reconnaître une quantité, c’est une stratégie de calcul, c’est de l’arithmétique !

D’ailleurs, ces stratégies arithmétiques semblent reposer sur un réseau de neurones commun, situé dans le « cortex pariétal ». C’est là que le cerveau analyse les quantités comme « beaucoup », « un peu », « un peu plus », « un peu moins », mais aussi des nombres spécifiques d’objets comme 1, 2, 4 ou 100. Ce réseau cérébral des nombres a été identifié chez l’homme, mais également chez des animaux, comme le singe ou même le corbeau.

Pour conclure, est-ce qu’il y a des cerveaux prédisposés aux maths ?

N. A. : La bosse des maths fascine toujours, mais elle a aussi ancré l’idée que certains d’entre nous l’ont… et d’autres pas. Comme s’il y avait une marque génétique, voire biologique, à être bon ou mauvais en maths. Or, aucune recherche ne prouve actuellement que certains sont prédestinés à devenir champions des maths. Ce que nous dit la recherche est que les bébés sont tous dotés, à la naissance, de circuits cérébraux qui leur permettent d’apprendre les mathématiques.

Propos recueillis par Isabelle Pouyllau.

Sources :

https://www.college-de-france.fr/site/stanislas-dehaene/seminar-2012-02-07-11h00.htm
http://lcd.sissa.it/Articles/97_Koechlin_et_al_MathematicalCognition.pdf

L’expérience Dehaene :

À l’aide d’un dispositif un peu théâtral, les chercheurs ont construit un cache permettant de faire apparaître ou disparaître des objets. Les bébés de l’expérience voient disparaître un objet derrière le cache, puis un second. Lorsque le cache est totalement retiré, les bébés prêtent moins attention s’ils voient les deux objets attendus que si un ou trois objets sont présents. Ceci montre que les nourrissons de quelques mois comprennent que un et un font deux, et pas trois ou un…

Les 5 bonnes raisons de s’abonner
à Babille

Conçu avec
une docteure
en neurosciences
Avoir un temps
d’échange et de
complicité avec bébé
Un nouveau
numéro tous les
deux mois
Assister au progrès de votre bébé au fil des mois
Éveiller votre bébé
au plaisir de
la lecture

Babille

Dès la naissance

Cette collection unique de six magazines est conçue pour jouer et communiquer avec les bébés, dès les premiers mois. Ses contenus inédits se fondent sur les découvertes en neurosciences.

1 an - 6 n° + 6 livrets parents

8,80 € / mois

S'abonner