L’exploration du monde qui l’entoure est le principal levier du développement des compétences motrices de bébé. Alors, comment se met-il en mouvement et comment l’accompagner au mieux ? Gladys Debieux, psychomotricienne, autrice du livre Au cœur du développement psychomoteur, (éditions Duval), répond à nos questions.
Quelles sont les grandes étapes du développement moteur de l’enfant ?
De la période fœtale à la marche, la motricité du jeune enfant est souvent illustrée par une frise du petit à plat dos qui se tourne sur le ventre, puis se hisse sur ses avant-bras, parvient à s’asseoir, avant de marcher à quatre pattes, de se redresser et, enfin, de marcher. Pourtant, le parcours évolutif des enfants est bien plus complexe et les amplitudes d’âge selon les enfants et les acquisitions peuvent être très grandes. Comparaisons ou inquiétudes n’ont pas lieu d’être si bébé va bien.
Comment savoir dès lors si bébé se développe bien ?
Observer le développement moteur seul est assez réducteur et parfois anxiogène pour les parents : il est important d’être attentif à son développement global. La plupart du temps, l’enfant n’est pas en retard, au contraire, il développe des capacités moins visibles. Par exemple, autour d’un an, l’enfant doit trouver un moyen de se déplacer, peu importe qu’il choisisse de ramper ou de se mettre à quatre pattes tant qu’il est en mouvement et qu’il coordonne sa droite et sa gauche pour avancer. Il faut également observer sa motricité fine, la connaissance qu’il a de son corps, mais aussi la communication (orale et non verbale), la tonicité, comment il régule ses émotions et comment il joue. Si plusieurs de ces indicateurs alertent, on en parle à son pédiatre sans s’alarmer.
Comment aider bébé dans ses apprentissages moteurs ?
Le rôle du parent n’est pas d’enseigner la motricité, mais bien de l’accompagner, en offrant un environnement humain et matériel qui va permettre à bébé de développer sa motricité spontanément, à son rythme. C’est ce que l’on appelle la motricité libre. S’il y a un conseil à retenir, c’est d’éviter d’installer bébé dans une position dans laquelle il n’est pas capable de se mettre seul. Une nuance, cependant, avec la position ventrale, qu’il est intéressant d’utiliser chez le petit quelques minutes chaque jour, toujours en présence d’un adulte, afin d’éviter la plagiocéphalie*.
* Aplatissement de l’arrière du crâne chez le jeune enfant.
Quel environnement mettre en place pour que bébé développe au mieux sa motricité ?
Les premiers mois, à la maison, vous pouvez installer un tapis de jeu un peu épais au sol, avec des jouets contrastés de chaque côté et à bonne distance, c’est-à-dire suffisamment près pour que bébé s’y intéresse et suffisamment loin pour qu’il puisse les attraper avec un petit effort. Au moment du change, parlez à bébé en face à face, puis sur les côtés pour stimuler son regard et sa curiosité. Si vous utilisez une arche d’éveil, veillez à la positionner au-dessus de la poitrine plutôt qu’au-dessus de la tête. Observez ses progrès et faites petit à petit évoluer son environnement lorsqu’il est prêt, en mettant des jouets légèrement en hauteur afin de l’inciter à se hisser, puis à se redresser progressivement.
Les questions des parents
Le youpala a été utilisé de génération en génération dans ma famille. Pourtant, je n’entends pas que de bonnes choses quant à son utilité pour favoriser la marche… Que faut-il en penser ?
Léa, maman de Lou, 6 mois
Le youpala ne reproduit pas les mouvements moteurs de la marche, notamment la coordination bras/jambes, il n’est donc d’aucune utilité. De plus, c’est au sol que l’enfant prépare la marche et son développement moteur, en travaillant son équilibre à son rythme. Enfin, le youpala peut engendrer de mauvaises postures au niveau du dos ou des jambes et est responsable chaque année de nombreux accidents domestiques. C’est à éviter absolument !
Vaut-il mieux que les enfants marchent pieds nus ou en chaussures ?
Thomas, papa de Blanca, 4 mois
Proposer à l’enfant de rester pieds nus lorsque le sol le permet est intéressant pour développer la stabilité et la proprioception. Cela lui permet d’avoir de meilleurs appuis et de mieux percevoir son environnement. À la clé ? Un meilleur équilibre, une meilleure organisation de ses mouvements et de meilleures performances motrices. Bien sûr, on propose sans imposer : si l’enfant n’aime pas la sensation d’avoir les pieds nus, on opte pour des chaussons ou des chaussures souples, qui apportent sensiblement les mêmes bénéfices.
Le conseil du professionnel
Quels vêtements favoriser pour accompagner le développement moteur ?
Pour offrir à bébé des conditions optimales pour son développement moteur, il vaut mieux privilégier des vêtements confortables, qui n’entravent pas ses mouvements. Quand il essaie d’attraper ses pieds en position dorsale, veillez à éviter les jeans et autres pantalons serrés qui entravent le mouvement des hanches. De même lorsque bébé, en position ventrale, cherche à se mettre à quatre pattes, éviter autant que possible les jupes et robes, qui gênent le mouvement du genou. Au moment de la marche, attention aux chaussettes, qui ont tendance à rouler autour des petits pieds.
Article réalisé par Aurélie Renne