Le Japon et la « non-intervention » en crèche

Bébé jouent ensemble© santypan/Adobe Stock.
Publié le par Émilie Belard

À la crèche, lorsqu’un enfant crie, frappe ou pince ses camarades, les professionnels de la petite enfance interviennent en un rien de temps. Mais au Japon, l’approche éducative est bien différente… et ô combien surprenante ! Billet pour l’Asie de l’Est.

La plupart des parents n’hésitent pas à réprimer leurs enfants ou du moins à intervenir lorsque ceux-ci sont turbulents. Mais au Japon, les adultes n’agissent pas et restent quelque peu indifférents aux jeux de mains des enfants. À la crèche, aucun éducateur ne viendra désamorcer le conflit : c’est aux tout-petits eux-mêmes de trouver des solutions et de mettre fin à ces chamailleries. En effet, les professionnels nippons considèrent que les interventions des camarades sont plus « utiles » que celles des adultes. Grâce aux autres enfants, les petits bagarreurs comprendront qu’ils seront isolés s’ils ne changent pas très vite de comportement. Ainsi, les adultes laissent les bébés se débrouiller entre eux, les préparant, par la même occasion, à gérer leurs problèmes sans aide extérieure lorsqu’ils seront plus grands.

Une stratégie d’éducation qui étonne, mais qui fait ses preuves, comme en témoigne une étude menée par le psychologue George Bear. En 2002, le spécialiste a comparé les réactions d’enfants américains et japonais de 9 à 11 ans qui ont lu des saynètes impliquant des bagarres. 92 % des Américains ont répondu que ce comportement était à bannir « pour ne pas se faire punir et attraper », alors que la grande majorité des Japonais ont répondu « pour ne pas blesser l’autre ou l’humilier ». Contrairement aux Américains, les enfants japonais se préoccupent donc plus de l’atteinte portée à autrui que des représailles : des différences de réactions qui sont étroitement liées à la façon dont ont été gérés les conflits lorsqu’ils étaient petits.

Malgré tout, si la philosophie de la « non-intervention » peut fonctionner, nous sommes en droit de nous demander si les tout-petits sont toujours capables de s’en sortir sans aide… Et si cette responsabilisation dès la crèche n’ajoute pas une pression considérable sur les épaules des enfants.

(D’après l’ouvrage Comment les Eskimos gardent les bébés au chaud et autres aventures éducatives du monde entier, de Mei-Ling Hopgood, JC Lattès, 20 €.)

Article réalisé par Marie Greco

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